La Provence est connue pour son climat chaud, aride et parfois rigoureux en hiver. Mais au milieu des jardins secs, il est possible d’aménager un bassin et d’y accueillir des plantes aquatiques spectaculaires. L’ensoleillement important et plusieurs mois consécutifs de fortes chaleurs permettent la culture d’espèces tropicales frileuses. L’une des plus connues des jardiniers botanistes peut être traitée comme une annuelle. Il s’agit du nénuphar géant, Victoria cruziana.
Origine et botanique du nénuphar géant
Le genre Victoria rassemble trois espèces de nénuphars géants, tous originaires d’Amérique du Sud. Il s’agit de :
- Victoria amazonica
- Victoria boliviana
- Victoria cruziana
Les horticulteurs des jardins botaniques travaillent par sélection à créer des variétés spectaculaires.
Ces plantes aquatiques se reconnaissent facilement à leurs larges feuilles flottantes en forme de moule à tarte. On remarque aussi que les pétioles et le revers des feuilles sont couverts d’épines. Ce qui contribue à protéger la plante de la voracité des animaux aquatiques herbivores. Ces épines sont acérées et provoquent des piqûres douloureuses. Le jardinier doit procéder avec précaution, lorsqu’il se saisit des grandes feuilles flottantes.
Dans leurs régions d’origine, le diamètre de leurs feuilles dépasse couramment les deux mètres. Le record est de plus de 3 mètres de large. On lit souvent qu’un enfant pourrait tenir sur une feuille sans que celle-ci ne coule. Sous nos latitudes et en extérieur, les feuilles des nénuphars géants sont généralement moins étalées, mais restent toujours impressionnantes.
Victoria amazonica
Victoria amazonica est un nénuphar géant inféodé au bassin versant du fleuve Amazone. Cette espèce demande une température de l’eau élevée (au minimum + 25°C) et constante pour pousser correctement. Elle n’est pas la plus facile pour la conduite en annuelle et en extérieur dans le sud-est de la France. On peut la retrouver en culture sous serre dans quelques jardins botaniques.
Les horticulteurs du Xishuangbanna Tropical Botanical Garden de Chine ont obtenu la variété “Dreamer”. Les plantes du Victoria amazonica “Dreamer” se distinguent par la coloration pourpre sur les deux faces des feuilles.
Victoria boliviana
Comme son nom scientifique l’indique, Victoria boliviana est originaire de Bolivie. Curieusement, il n’a pas été découvert et décrit dans son pays d’origine, mais à partir de plantes cultivées dans une serre de culture au Jardin botanique de Kew en Angleterre. C’est Carlos Magdalena, un jardinier botanique spécialiste des nénuphars qui a reconnu chez ces spécimens des caractéristiques uniques.
Victoria cruziana
Victoria cruziana se retrouve dans la vaste région du Pantanal, qui couvre le nord de l’Argentine, le Paraguay et le sud du Brésil.
Pour la culture en bassin extérieur dans le sud-est de la France, Victoria cruziana est la plus indiquée. Elle tolère des températures plus fraîches que les deux autres nénuphars géants et se développe ainsi plus rapidement, jusqu’à fleurir avec profusion. L’eau devra tout de même atteindre 22°C pour que la croissance débute.
Victoria “Longwood Hydrid”
Il s’agit d’une obtention horticole d’outre Atlantique. C’est au Jardin botanique de Longwood (à proximité de Philadelphie) qu’une hydridation entre Victoria amazonia et Victoria cruziana a été effectuée.
Le résultat est remarquable et ce nénuphar géant présente une vigueur hybride importante. La croissance est plus rapide et la floraison est plus précose que chez les espèces parentes. Comme Victoria cruziana, il est possible de le cultiver en extérieur – comme une annuelle – dans le sud de la France.
Victoria “Longwood Hybrid” est encore difficile à trouver dans le commerce. En France, quelques pépinières spécialisées peuvent le proposer à leurs clients. C’est le cas du Jardin Nelumbo.
Comment cultiver Victoria cruziana ?
La culture des nénuphars géants en extérieur demande une préparation en aquarium des semis et plantule. Puis une installation en bassin lorsque l’eau est suffisamment chaude pour permettre une croissance rapide et la floraison. Le site Victoria Adventure détaille toutes les étapes de la culture de ces nénuphars.
Taille du bassin
Victoria cruziana est cultivée à partir de graines. Les plantules débutent leur vie dans un aquarium, mais après quelques semaines, elles doivent rejoindre un volume plus important. Il faut donc posséder un bassin suffisamment large pour loger convenablement un nénuphar du genre Victoria.
Exposition et chaleur
Victoria cruziana a besoin d’un ensoleillement important et de beaucoup de chaleur pour pousser rapidement et atteindre en été la taille suffisante pour fleurir.
Le bassin sera exposé en plein soleil tout au long de la journée. La protection d’une habitation, d’un mur ou d’une haie permet de créer un micro-climat plus chaud. Il faudra donc couper la circulation des courants d’air et protéger la zone de culture du Mistral. Dans ces conditions, la température de l’eau du bassin va s’élever rapidement et se maintenir au-dessus de 20°C.
Substrat et fertilisation
La croissance rapide et les dimensions gigantesques de ce nénuphar laissent deviner que ses besoins en nutriments sont importants. Il convient de lui apporter dès la plantation un substrat riche en matières organiques et d’ajouter chaque semaine en été de l’engrais.
Hivernage des nénuphars géants
Malheureusement, aucun nénuphar néant n’est assez résistant au froid pour survivre en extérieur en France. Si vous souhaitez garder toute l’année un nénuphar du genre Victoria, il faudra chauffer son eau. Le grand volume d’eau nécessaire et la surface occupée par cette plante réserve cet usage aux jardins botaniques munis d’une serre tropicale.
Floraison des nénuphars géants
Les nénuphars géants remarquables par la forme et la dimension de leurs feuilles le sont aussi pour leurs fleurs. Il ne faut pas oublier de mentionner le parfum d’ananas qui diffuse et est perceptible à plusieurs mètres de distance de la fleur.
La floraison est nocturne et chaque fleur s’ouvre seulement pour deux nuits consécutives. Fait étonnant, la couleur de la fleur est blanche la première nuit. Puis la nuit suivante, les pétales sont teints de rose. Ce phénomène rare et remarquable chez les plantes est une adaptation pour favoriser la pollinisation.